samedi 14 janvier 2012

Lost In

Ce soir, retour sur mon troisième jour à Tokyo, tout en références geek et otaku: vous serez prévenus. Car ce troisième jour fut une plongée dans les coeurs chauds bouillants de la ville mythique: Harajuku et Shibuya, tout en passant par l'avenue chic chic de Omotesando.

Mais commençons par quelque chose de plus tradi, avec les airs kyotoïtes du sanctuaire Meiji Jingu, qui honore comme son nom l'indique l'empereur Meiji (chaque empereur étant nommé, de façon posthume, d'après son ère) ainsi que son épouse l'impératrice Shôken. Il s'agit du plus grand lieu de culte shintoïste au Japon et sans nul doute du lieu sacré le plus populaire auprès de la population Tokyoïte qui s'y presse en hordes déchaînées pour les festivités du Nouvel An (j'en parlerai dans les articles suivants, ayant assisté au Nouvel An japonais "de l'intérieur", et ouais). Le temple est également situé en plein coeur de la ville, contingent à Harajuku.

Fûts de sake offerts par les producteurs au temple.




Célèbre torii en bois de cèdre.

Lanternes spécialement destinées à éclairer le chemin des visiteurs au soir du réveillon.



Cour intérieure.


Si la taille du sanctuaire lui-même n'a rien d'exceptionnel, c'est son jardin, ou plutôt son parc, qu fait la renommée du Meiji Jingu. Et notamment son jardin japonais dont les centaines d'iris doivent être magnifiques à l'heure de la floraison -en décembre, on dirait plutôt des centaines de bandes d'oignons fanés, ce qui était dommage, vraiment. Mais nous avons quand même eu la chance d'obtenir santé et bonheur pour la nouvelle année en trempant les doigts dans le puits de Kiyomasa, réputé pour la pureté de son eau (tiède et non glacée, à ma grande surprise), au sein du Meiji-gyoen.


Après le temple, direction Harajuku et sa rue principale Takeshita-dori, réputée pour ses magasins de vêtements à faire pâlir d'envie Camden, et ses "Harajukus girls" aux looks plus... extravagants les uns que les autres.
Certains chantent même à propos d'elles, c'est dire:


Nous avons même de charmants petits bonhommes de neige multicolores pour nous accueillir!



Rencontres du troisième type.

Mais la renommée d'Harajuku ne s'arrête pas là, puisqu'il s'agit aussi du quartier des CREPES.
Mais prenez garde. Quand je dis crêpes, je ne pense pas crêpe. Pas vraiment. Plutôt cornet-crêpe-fourre-tout. Car tout l'intérêt de ces cône roses, ce n'est pas la crêpe, d'ailleurs peu savoureuse, mais ce que l'on met à l'intérieur. La gamme de choix passe par la glace, la crème à la vanille, la chantilly, les fruits -jusque là, rien d'alarmant- mais aussi les mille-feuilles,  le brownie, le cheese-cake, les frosties, la crème caramel... enfin bref, à peu près tout ce qu'un esprit sain n'imaginerait pas forcément dans une bonne vieille crêpe.


Face à face, dans une petite ruelle, le duel "Marion Crepes" VS "Angel's Heart", l'un au cornet rose à petit coeur, l'autre à cornet rose (obligé, obligé) et quadrillage façon nappe-pique nique du dimanche.


Nous nous décidons grâce à ces merveilleux échantillons en plastiques plus vrais que nature.


Nous quittons ensuite Harajuku pour descendre Omotesando Dori, réputés pour être les "Champs-Elysées de Tokyo". Je ne prône pas le chauvinisme, absolument pas, mais quand même, faut pas exagérer, les Champs Elysées n'existent qu'à Paris, vous m'excuserez. D'où le manque de photos ici -je ne les trouve pas assez intéressantes ni très belles, donc je passe. Tout ce que nous avons vu, ce sont de beaux buildings Chanel, Louis Vuitton, Burberry et autres. Nous nous arrêtons quand même dans une charmante boutique de chapeaux pour faire nos comtesses, et nous repartons vers la dernière étape du jour: Shibuya.


 Petite dédicace à ma soeur qui se reconnaîtra ici.

Le bâtiment de l'UNESCO à Tokyo.

Monument dédié aux enfants.



En arrivant à Shibuya, c'est tout de suite plus animé!


THE SHIBUYA CROSSING

Et oui, voilà ZE PLACE TO BE à Tokyo: le célèbre Shibuya crossing, où se croisent 500 personnes à chaque feu rouge (!), un peu moins bondé en cette veille de nouvel an. Sur cette photo vous voyez le non moins célèbre building Shibuya 109, représenté dans tous les mangas se déroulant à Tokyo, je dis bien TOUS, sans exception.



Les minettes de AKB48, omniprésentes.

Comment dire... j'ai dû traverser ce passage piétons dans tous les sens possibles pour prendre tout plein de photos -alors que la batterie de mon pauvre appareil photo agonisait. Vous pouvez saluer mon dévouement.

Enfin, ne ratons pas l'autre attraction du quartier: la statue d'Hachiko, chien fidèle jusqu'au bout qui attendait chaque jour le retour de son maître à la gare jusqu'à ce que celui-ci décède en déplacement. Ce qui n'empêcha pas le chien de revenir jour après jour malgré l'absence de son maître... Les japonais ont donc érigé cette statue en son honneur et elle est devenue par la suite un lieu de rendez-vous pour à peu près toute la populace Tokyoïte, vous imaginez donc la cohue aux heures de pointe...

Moi, ce que je retiens surtout d'Hachiko, c'est qu'il s'agit du surnom d'une des Nana dans le manga Nana qui raconte la vie de deux jeunes adultes nommées Nana (vous suivez?). L'une des Nana (la BCBG, pas la punk, mais tout le monde sait ça, non?) est surnommée Hachiko ou Hachi par l'autre Nana car elle a souvent l'attitude d'un brave toutou (et aussi, une relation mystérieuse avec le nombre 8, qui se dit Hachi en japonais, mais je vais arrêter de vous embrouiller, là).
Nana/Hachi et son double canin. Pour clarifier les choses: Nana est un prénom tout à fait courant en japonais!




Néons

Lost In Néons

Oui, j'aime les photos de néons, pas si fréquents que ça à Kyoto. En tout cas pas de façon aussi concentrée.

Le nom du carrefour. Comme des scramble eggs sauf que là ce serait plutôt des scramble humans -parce que le risque de se faire écrabouiller en traversant est tout à fait plausible.

A l'intérieur de la gare de Shibuya, oeuvre sur la bombe atomique, par Taro Okamato, intitulée "Myth of Tomorrow" (明日の神話, asu no shinwa). Cette fresque de 30 mètres de long a été peinte en 1967 sur commande, pour un hôtel de luxe mexicain, qui fit faillite avant que la construction ne soit terminé. L'oeuvre, apparemment, disparut jusqu'à ce qu'elle soit retrouvée en 2003 dans un entrepôt de stockage, puis installée à Shibuya.




On a également une bonne vue sur le carrefour.


Coucher de soleil sur Shibuya.




L'image de la fin: avec cette journée, j'ai enfin réalisé un de mes rêves les plus fous: me tenir au centre du carrefour de Shibuya et prendre des photos, sans mourir écrasée. Rien que pour ça, Tokyo valait le coup.


Mais mes découvertes ne s'arrêtèrent pas là... suite au prochain épisode! 


mercredi 11 janvier 2012

Bienvenue dans la ville pieuvre

Voilà un message bien tardif, mais comprenez bien, avec le froid hivernal qui s'installe dans les montagnes et tombe sur mon antre kyotoïte, j'ai été amenée à réduire les sorties au temple et à privilégier le COMBO week end en costume de panda-polaire sous la couette-chocolat chaud-quatrième tome de Game of Thrones (A feast for Crows, une lecture bien joyeuse comme vous pouvez vous en douter). Et aussi, étude du japonais. Souvent. Régulièrement. Enfin, parfois, vous voyez ce que je veux dire. Entre ça et mon baito (petit boulot) dans un restaurant du coin (reportage à venir pour combler le vide de janvier qui sera dédié aux révisions pour les exams), je n'ai pas fait grand chose, mis à part la petite bouffe que j'ai organisée avec mes camarades de dortoir pour le réveillon de Noël.

Mais dès à présent, du très lourd arrive sur le blog, puisqu'il s'agit d'un récit de mes aventures dans la ville-pieuvre, j'ai nommé ... TOKYO! Et oui, Doshisha nous ayant gracieusement accordé 10 jours de vacances (tout en nous faisant bosser le lundi 26 décembre ET ce vendredi 6 janvier -NAN MAIS LA J'AI ENVIE DE DIRE WTF LES MECS ??!!) j'ai décidé d'aller traîner mes guêtres de côté de l'énorme capitale.

Un choix très original, vu que la moitié de ma promo de ryuugakusei a eu la même idée...je ferai mieux au break de printemps en février-mars. Et ouais, vous ne rêvez pas, j'ai bientôt deux mois de vacances, niark niark.
Mais revenons à nos moutons.

Tokyo, c'est quand même ZE passage obligé pour tout étudiant en échange à Kyoto. Parce que Tokyo, c'est... c'est quoi Tokyo? Un monstre urbain aux entrailles grouillant de monde? Une belle mégalopole aux buildings rivalisant avec New York? Une grande ville moche, étouffante et défigurée par l'anarchie architecturale? Une ville de villages? Difficile pour moi de répondre à la question "alors, c'était comment Tokyo?" parce que je ne sais pas. C'était comment Tokyo? C'était un peu tout ça. C'était épuisant, ébouriffant, vivant, horrible, accueillant, terrifiant. C'était beau, parfois repoussant. C'était une expérience nouvelle pour une provinciale comme moi. Oui oui, PROVINCIALE. Parce que ne nous voilons pas la face: Kyoto, en comparaison, c'est du pipi de chat (comprendre: la comparaison est juste impossible). Sans doute dix fois moins grande, trois fois plus basse, ma ville d'adoption n'a strictement rien à voir avec la géante Tokyo. Et c'est tant mieux.
  VS 


En effet, le dilemme Kyoto-Tokyo s'offre à tout sciencespiste en mal de Japon. A vrai dire, jusqu'à novembre 2010, j'étais moi-même persuadée que Tokyo était ZE place to be. Avant de me rendre compte, après des rencontres, des récits et des lectures, que la tranquillité somme toute "campagnarde" de Kyoto, tout comme son côté traditionnel, serait pour moi le meilleur choix. Après avoir découvert la capitale -bien qu'elle m'aie émerveillée et que je l'aurais sans doute appréciée au quotidien - je ne regrette absolument pas mon choix.

J'ai eu la chance de ne pas m'embarquer dans cette aventure toute seule. Bien qu'Elsa soit partie aussi à Tokyo et que nous ayons deux jours en commun, nous nous sommes peu croisées car j'ai été accueillie par la famille de Yu-chan, en échange à Sciences-Po l'an dernier, pendant une semaine, du 29 décembre au 4 janvier. La découverte de la capitale s'est donc doublée d'une immersion au sein du quotidien japonais, dans une famille à l'incroyable gentillesse et dont la chaleur m'a sans aucun doute donnée la meilleure impression au cours de ce voyage. J'étais même plutôt déprimée au moment de retourner à Kyoto, c'est dire.

Bus de nuit, round 2

Attaquant avec optimisme mes 7 heures solitaire, j'ai pu plus ou moins dormir malgré les ronflements de ma voisine (et oui, ça n'arrive pas que dans les films! ) et les arrêts pause-pipi du conducteur toutes les 2heures environs. Sauf qu'à chaque arrêt, je me réveillais avec une furieuse envie d'aller étrangler le chauffeur qui ne trouvait pas mieux que d'allumer les lumières à fond et de bavarder pendant une demi-heure au micro, son puissance maximale. Bref.
Une fois arrivée à Shinjuku, Yu-chan m'accueille à bras ouverts (à 6h20, je précise, ce qui est un geste assez beau pour être signalé) avant de me conduire chez elle où je rencontre sa mère (okaa san お母さん), son père (otou san お父さん), son petit frère (otouto san弟さん), et sa grand-mère (obaa chan おばあちゃん). Ceci n'étant pas leurs prénoms mais des termes honorifiques et polis que l'on utilise en famille. Comme je fais désormais partie de la famille, je m'y conforme. Je fais aussi la connaissance des deux chiens, des Westies, la femelle se nomme Patty, et le mâle Luke (ce dernier est sans doute un Westie mutant vu sa taille anormalement... gigantesque).

Dès mon arrivée, Okaa-san prend tout en charge et me propose de prendre un bain aux senteurs d'aiguilles de pins. La proposition est alléchante -je ne la refuse pas et prend pour la première fois un véritable bain japonais, ou o-furo (お風呂). La salle de bain est une sorte de petit sauna, toute carrelée, où l'on se douche et se savonne à l'extérieur du bain avant de pénétrer dans celui-ci, propre, juste pour le plaisir de la relaxation. Le bain est très profond -on s'y trempe jusqu'au cou, et l'eau très chaude -plus de 40 degrés.
Je vous garantie qu'on s'y habitue, et vite.
Après le bain, je monte dans la chambre de Yu pour me poser un peu et finis par dormir... deux heures, avant le déjeuner. Je perds jamais les bonnes habitudes.

La Petite Edo


Après le déjeuner, départ pour Kawagoe, la "Petite Edo", petite ville qui a conservé son aspect "historique" de l'ère d'Edo (avant l'ère Meiji qui débute en 1868). Edo étant aussi l'ancien nom de Tokyo, CQFD.

Mes compagnons de route: Yu, Elsa, Nichiko.

La ville n'est somme toute pas bien grande, petite déception car au niveau historique, ben c'est dur de faire mieux que Kyôto tout de même.

Tour de l'horloge.

Panda géant au détour d'une ruelle. Pupilles dilatées et gueule sévère, plutôt effrayant le bonhomme.




Après cette courte escapade, retour au bercail pour profiter d'une nuit réparatrice. Comme on dit chez moi, je me suis encore couchée avec les poules.

Mais il faut comprendre: le lendemain matin, c'est branle bas le combat pour arriver tôt, très tôt, au célèbre marché au poissons de la capitale, sans doute le plus grand au monde, Tsukiji. L'accès aux touristes se fait à partir de 9heures dans le marché partie "professionnelle". Mais même à cette heure tardive (la criée se déroulant vers 5 heures du matin), la vue vaut le détour: le marché est énorme, s'étendant en allée sinueuse est étroites entourées de stands remplis de poisson frais, et notamment, du fameux thon rouge...

Le royaume sous-marin


Quant on voit ces dizaines d'énormes bêtes étalées sur les stands, on se dit que la pêche du matin a dû suffire à elle seule à condamner l'espèce à disparaître. Mais j'avouerais que le maguro (nom japonais du thon rouge) cru devient vite un péché mignon: la finesse et la douceur de la chair arriverait à séduire un militant végétarien de chez Greenpeace.
(Pour vous donner une idée, car les photos ne sont pas forcément claires,chaque poisson fait au moins un mètre de long. Sacrée bestiole...).


La découpe.


Blocs de thon congelés, puis découpés à la scie circulaire. Oui oui.


Marchandage sur les pièces de thon.


Poulpe vinaigré, et non pas ensanglanté, comme le pensait Elsa-chan.


Tout est bon dans le thon.


Après le marché, nous partons en métro pour Asakusa, le "quartier traditionnel". Autant vous prévenir, âmes aventurières: le métro, à Tokyo, c'est l'enfer. Non pas à cause des pousseurs, que je n'ai pas eu la joie de rencontrer, mais de l'infâme complexité du système ferroviaire, qui est dirigé par une myriade de compagnies privées et non pas par une hégémonique compagnie comme dans notre bonne vieille capitale. D'où des prix scandaleux et un enchevêtrement de lignes et de changements à vous faire tourner la tête. Même Yu-chan, que je suivais aveuglement, avait parfois du mal.


Super Panda vous dit: "attention à la porte !"

La petite Kyoto?

Arrivée à Asakusa, au bord de la rivière Sumida.

Pour ma maman qui aime me voir en photo... Avec Ayumi-chan et Tomomi-chan. 




Y a du peuple. Normal, tout le monde est en vacances.

La Tokyo Sky Tree! Elle n'est pas encore ouverte au public bien qu'elle soit la plus haute tour de la ville avec ses 634 mètres.




Tomomi, Ayumi, Yu, Shiori.







Sandale géante.

Nous avons respiré la fumée qui rend intelligent. J'attends.

Mushu!







Pause-café.

Le combo Tokyo Sky Tree, et Buildings-bière. Car le building du milieu (Asahi Beer Hall) représente une chope de bière: mais si, il a une couleur doré et la mousse blanche sur le dessus. A sa droite, la sculpture géante est censée représenter une flamme, sauf que pour cause de réticences de la ville au moment de la construction, les concepteurs ont été obligé de la coucher. Elle évoque donc à l'esprit désormais... bon, je crois que vous y avez tous pensé.

Les boutiques à l'orée du temple.

En somme, un quartier très agréable, mais mieux que Kyôto? Non, pas vraiment. En même temps, je en suis pas venue à Tokyo pour le côté "tradition". Et puis Kyôto... ben, Kyôto. C'est tout, il suffit de le dire comme ça. Et ce ne sont pas mes prédécesseurs à Doshisha ou à Ritsumeikan (autre univ de Kyoto) qui me démentiront.



 Le soir, expédition au restaurant de Yakiniku (littéralement "viande grillée") en famille!

Vous me connaissez: J'AIME LA VIANDE.
J'ai donc apprécié ce repas délicieux. J'ai même mangé de la langue de boeuf au citron. Comme quoi, tout peut arriver.

C'est tout pour aujourd'hui!! Mais je n'ai raconté que deux journées pour l'instant, la suite -et le meilleur - à venir très prochainement !