dimanche 19 février 2012

Sur les traces de Takeo


Toujours avec Juliette, expatriée de Corée, nous nous sommes rendues le deuxième jour au château de Kyoto, qu'à ma grande honte je n'avais toujours pas visité, malgré mes passages en vélo répétés devant son enceinte impressionnante.

Il faut dire que l'architecture du château n'était pas mon premier intérêt...mais plutôt son parquet. Pas n'importe quel parquet, attention, mais un parquet du rossignol, dont les chevilles s'emboîtent astucieusement afin de créer des sons aigus et flûtés sous les pas des visiteurs, évoquant le doux chant d'un rossignol. Loin d'être une simple fantaisie de décorateur, ce parquet avait une fonction bien plus terre-à-terre: avertir le shogun qui résidait là de l'intrusion d'ennemis, assassins ou autres ninjas.

Si je trépignais d'impatience à l'idée de tester ce fameux parquet, ce n'était pas pour mon intérêt dans la parqueterie et sa méthode d'assemblage mais bien plus parce que ce nom énigmatique m'évoquait mes plus beaux souvenirs de lectures de lycée:
LE CLAN DES OTORI

Sans doute mon livre préféré de ma période "jeunesse" : les aventures de Takeo, fils bâtard du clan des seigneurs Otori, entraîné par son oncle à éviter les pièges du parquet de rossignol afin d'abattre le seigneur du clan ennemi. Le tout saupoudré de nombreuses allusions au Japon féodal, au mythe ninja et autres rites anciens. 
Vous devinerez donc qu'il ne m'en aura pas fallu très longtemps avant de m'imaginer en Takeo se glissant sur le parquet sans réveiller l'oiseau. Je manquais sans doute de légèreté, pas moyen de marcher sur le parquet sans faire vibrer le bois. Je pensais que le parquet émettrait plus des sons proches d'un grincement et qu'on aurait nommé plus tard, abusivement "rossignol", mais à ma grande surprise, résonnaient sous mes pas de sons très haut perchés, effectivement proche d'un chant d'oiseau ou d'un piccolo. Une amusante sensation.

Il est malheureusement interdit de prendre des photos à l'intérieur, pourtant richement décoré de panneaux dorés et de peintures animales et végétales. Pour autant, habituée aux fastes des châteaux de la Loire, leur riches tapisseries et moulures, ainsi qu'au mobilier surchargé, les grandes salles vides du château de Nijô paraissent à côté toutes simples et minimalistes. Comme dans la plupart des monuments japonais par ailleurs, c'est la sobriété à l'extrême qui permet d'apprécier au mieux les décorations merveilleuses des panneaux.


Le château de Nijô a été construit en 1603 pour devenir la résidence officielle à Kyôto du shogun Ieyasu Tokugawa (le premier Tokugawa) puis terminé en 1626 par le troisième shogun Iemitsu Tokugawa.
En 1867, le château fut offert à la famille impériale qui reprit la souveraineté au détriment du shogun, avant d'être donné en 1939 à la vile de Kyôto. Le château a rejoint le patrimoine mondial de l'UNESCO en 1994.


Les jardins Ninomaru et Seiryu-en sont assez réputés pour la floraison des pruniers (mi-février) et des cerisiers (mi-mars).








Le château est assez original car il s'agit d'un château "plat" dont les parties se succèdent une à une, contrairement aux châteaux féodaux plus connus, à étages, tels que le château de Himeji. Il est également entouré de douves et de remparts.



Le rocher de la tortue.

vendredi 10 février 2012

Tourist Fever

Tadaam! Nouvel article, et seulement 4 jours plus tard, je suis sur la bonne voie. C'est l'effet vacances, sans doute...vacances qui pour l'instant se déroulent doucement entre grasse mat' honteuses (je commence enfin mon hibernation), sorties alimentaires (qui dit hibernation dit réserves de graisse), et, tout de même, petit boulot au restaurant (pour accumuler l'argent nécessaire à la période post-hibernation).

Mais depuis deux jours, j'ai pris mon courage à deux mains et me suis lancée dans une infernale ronde touristique dans Kyoto.
Enfin, pas toute seule hein... il faut dire que je n'aurais sans doute pas pris l'initiative d'aller crapahuter dans la ville et les tempêtes de neige sur un coup de tête. Non, c'est grâce à l'impulsion de Juliette, amie Sciences piste en échange en Corée (vous devinerez laquelle tous seuls, comme des grands) qui est venue passer 4 jours à Kyoto pour ses vacances cette semaine (et oui pour une fois je n'ai pas un mois de retard). Et c'est donc avec un  grand plaisir que je l'ai accompagnée dans certaines de ses sorties touristiques, après un raté le jour de son arrivée, les portables coréens (comme tous les autres portables d'ailleurs) ne fonctionnant pas en terre sacrée, alias, le Japon.
Le deuxième jour, après échange de mails, c'est donc les crocs sortis que nous planifions la journée. Départ à 8 heures (oui, vous avez bien lu. C'est mort pour la grasse matinée) tapantes pour le combo de l'enfer: Ryoan-ji et Kinkakuji (soit le fameux Pavillon d'or), puis le quartier d'Arashiyama et sa forêt de bambous, suivi par un passage au centre ville et dans Gion avant de finir par le Sud du quartier d'Higashiyama avec le temple Kyomizu-dera et le quartier environnant.
Je sais, ça semble impossible comme ça, mais... WE DID IT! (il vous suffira d'observer une carte de Kyoto pour applaudir et taper du pied au vu de cet exploit).

Nous nous armons d'un pass pour la journée dans les bus de la ville et hop, c'est parti pour notre petit road trip.
Nous débutons donc par le Ryoan-ji, temple archi célèbre pour son jardin sec (zen) et ses rochers. Nous avons bien fait de nous lever aux aurores, car le temple, toujours bondé, est totalement vide de bon matin, à l'ouverture. De quoi prendre des photos tranquille.












Départ ensuite au Kinkakuji où nous attendent de belles averses de neige... et une vision sublime.




Pandinette était de la partie.




Puis départ en bus à Arashiyama (je réussis à perdre mon pass dans le dit bus).


J'étais déjà venue à Arashiyama en automne et il faut dire que j'ai préférée ma première visite: en ce moment, les arbres sont morts, la rivière boueuse... le paysage ne me coupe pas le souffle comme la première fois. Vivement le printemps!

Arrêt dans un resto où nous dévorons un énorme bol de udons et ses tempura de légumes.


Retour à Gion, où malheureusement nous ne croisons pas de geishas/maikos.





Kiyomizu-dera, cette fois en plein jour: je ne l'avais vu que de nuit lors des illuminations d'automne.



Vue superbe, bien qu'un peu brumeuse, sur la ville (moi j'habite tout près de l'infâme tour-champignon rouge et blanche).







*
Nous descendons ensuite Sannenzaka, ou "pente des trois ans". Il est dit que si l'on y glisse, on s'attrape trois ans de malheur. Connaissant mon habileté habituelle, je prends garde.






Le quartier est adorable, et comme si cela ne suffisait pas, il regorge aussi de... BOUTIQUES GHIBLI. J'exagère juste un peu: nous en croisons deux éloignées d'à peine 500 mètres, c'est quand même quelque chose.

Nous retournons ensuite en centre ville pour déguster une boisson chaude bien méritée... une longue et très satisfaisante journée. A faire plus souvent, si je disposais de fonds illimités: car il faut savoir que tous les temples ou presque sont payants, dans les alentours de 5 euros ou plus, et quand on en fait trois dans la journée, ça fait mal. Très mal. Dès la semaine prochaine je vais sans doute me faire des visites autour du thème "temples méconnus et GRATUITS de Kyoto".

Et voilà, c'est déjà fini ! Retour très bientôt pour la suite de nos balades touristiques !