dimanche 11 septembre 2011

Ryokô - Voyage. Récit du 8-9 septembre.


9h34 : je quitte avec toute ma famille ma maison à Havernas, direction Aéroport Charles De Gaulle. Le voyage est plutôt calme, rapide, sans encombre. On galère pour se garer, on finit par trouver. Puis c’est d’un train agité que nous nous rendons au terminal 2E pour y retrouver Elsa et sa famille, déjà au comptoir bagages. Je fais la queue avec mon père : je suis bien la seule de la file à me trimballer 3 valises. Qu’importe : on passe, tout va bien, mes valises monstrueuses rentrent pile poil dans les kilos autorisés, ouf, on me souhaite bon voyage.

 Puis c’est l’attente : plus qu’une heure avant l’embarquement. « On n’a jamais été aussi près du départ » me dit mon père. Effectivement. Les minutes s’égrènent lentement tandis que nous grignotons chez Paul, puis, enfin, alors que le stress monte, on doit y aller, passer le contrôle des douanes. Les parents ne peuvent pas suivre : je me suis dit que j’éviterais de pleurer –c’est peine perdue. Après un dernier signe de la main, nous nous engouffrons dans la porte. Heureusement qu’Elsa est là. On attend, encore, devant la porte 70. C’est la première fois que nous avons un avant-goût de ce qui nous attends : les japonais sont majoritaires sur le vol, j’attrape quelques mots au passage, il me reste tant à apprendre ! ça y est, on monte, on est plutôt bien placées. Ah, en fait, pas vraiment, un bébé débarque juste devant nous. Ses deux parents ont l’air bien en mal pour le calmer. Ça commence bien !

Après les formalités, on décolle : on s’amuse un temps à observer notre trajet sur l’écran vidéo, la température extérieure, des photos satellites des pays survolés puis l’ennui pointe le bout de son nez. Il reste 11 heures de vol. Pour m’occuper, je regarde deux films de suite, avant que les hôtesses nous servent le repas du soir : 15h heure française, 22h heure japonaise. On a du mal à manger quoi que soit, et la nourriture d’avion étant ce qu’elle est, ça n’arrange pas les choses. La spécialité japonaise promise se révèle légèrement gluante et très insipide…  Puis, 3 heures plus tard, alors que nous survolons la Russie, nous rattrapons le soleil qui se couche dans cette partie de l’hémisphère. Les lumières de l’avion se voilent peu à peu. Mais décalage horaire oblige, nos tentatives pour dormir se soldent par un échec : tant pis, nous voilà levées pour nous dégourdir les jambes quand nous humons l’odeur caractéristiques des nouilles instantanées : des petits cachottiers de steward en servent au milieu de l’avion au voyageur debout. On fonce, on attrape les deux dernières. Je regarde encore un film : Kung Fu Panda, car cela me semble assez approprié. J’essaie de dormir, somnole plus ou moins pendant une ou doux heures, me lève à nouveau. Enfin, vers minuit heure française, la fatigue me frappe et je m’endors vraiment… pour être réveillée une heure plus tard  par un sonore «PETIT DEJEUNER ? PETIT DEJEUNER ? ». La délicatesse de l’hôtesse est à revoir. Le-dit petit déjeuner est encore pire que le dîner, je mange à peine. Et hop, c’est l’heure d’atterrir, déjà. On boucle nos ceinture et là, nous pouvons admirer notre première vision japonaise : des terres ceinturées par la mer, des côtes découpés et sinueuses, des îles artificielles.
8h25 (heure locale) : On atterrit à KIX (Kansai International Air port). Dès lors, tout se passe très vite : on débarque, puis on passe la douane : ça y est, nous sommes fichées chez les japonais (deux index et une photo de face). Par contre, on nous demande d’ouvrir nos valises pour vérifier le nombre de médicaments importés. Charmant. 

Passé ce délicat moment, je me retrouve face à un dilemme œdipien : j’ai trois valises à roulettes, deux bras : comment faire ? Je les pousse chacune à leur tour pour aller au bureau de change, souffle et peste : il fait chaud, trop chaud, et je suis crevée. On monte ensuite pour prendre le train, et nous voilà confrontées à un autre problème : la vente des tickets de train pour Kyôto se fait par des guichets automatiques sans aucune explication en anglais ! On demande à une japonaise qui a l’air aussi paumée que nous, on achète notre ticket, on passe aux bornes automatiques… et on bipe. Horreur ! En fait, des gardes pas vraiment commodes nous expliquent que ce n’est pas suffisant comme ticket, c’est un ticket express, il faut acheter un « fare ticket »… qu’est-ce que c’est que ça ? Mystère… Elsa se rend vaillamment à un guichet, revient 15 minutes plus tard avec le miraculeux « fare ticket ». Alleluia.

Pas tant que ça : on rate le train qu’on devait prendre, il y en a un dans la demi-heure suivante. Seulement, notre accueillant japonais nous attend à la gare. Je vais à un téléphone public, renonce à comprendre son fonctionnement, j’ai chaud, je râle et panique, Elsa me calme, je m’assois pour me reposer. Quand finalement le train arrive, un spectacle hilarant va me dérider un peu. Alors que des employées de la compagnie de train (JR ) nettoient le wagon, les sièges se mettent à enchaîner des pas de danse endiablés ! Ils tournent dans tous les sens. Au départ, nous ne comprenons pas leur manège, puis réalisons qu’ils se placent tous dans le sens de la marche. C’est beau la technologie japonaise.

Le trajet d’une heure et demie passe très vite : le train est climatisé, enfin, et nous nous extasions devant les paysages qui défilent. Maisons traditionnelles, toits japonais, rizières et forêts de bambou, mais aussi des immeubles gigantesques et des fils électriques absolument partout. Ils ne sont pas enterrés au Japon à cause du risque constant de séisme.


Enfin, nous pénétrons dans Kyôto. Notre train s’arrête pile devant Shô Wakayama, l’élève de Doshisha University qui est notre « volunteer helper ». Il a passé un an à SciencesPo Rennes et parle sublimement bien le français. Il est ébahi par le nombre de nos valises. Le chauffeur de taxi qui doit nous emmener est lui bien contrarié : les valises ne rentrent pas toutes dans le coffre. On règle le problème : une valise sur le siège de devant, une sur nos genoux, le reste dans le coffre. On crève encore plus de chaud : à Kyôto, il fait 35 degrés, grand soleil mais l’humidité ambiante rend la chaleur encore plus désagréable. J’ai l’impression de suer des litres d’eau.

 Nous voilà devant ma résidence universitaire : Maison Iwakuni. De l’autre côté de Horikawa-dori (ma rue), le Nishi Hongan-ji, un temple bouddiste. Et pas le petit temple. Non non, un temple qui fait trois pâtés de maisons et dont la seule porte est aussi grande que la résidence. Ça promet.

A peine débarquée, je prends une douche, nous filons ensuite à la résidence d’Elsa, beaucoup plus éloignée de la gare. Plus moderne mais moins spacieuse. A peine le temps de récupérer que Shô nous emmène à Doshisha, en bus cette fois. Nous nous traînons, exténuées. Nous rencontrons la responsable des étudiants internationaux, puis nous découvrons le conbini de l’université.

Mais qu’est-ce qu’un conbini me direz vous ? C’est un tout petit supermarché qui vend de la nourriture à consommer rapidement généralement, comme des nouilles, des onigiris ou encore… DES GLACES ! Je déguste une glace à la pastèque, en forme de pastèque, avec des petites billes de chocolat pour faire les grains. Miam : ça fait un bien fou.

Après Doshisha, je n’ai pas le courage d’aller plus loin. Je rentre chez moi en métro, marche encore une petite trotte, puis m’enferme dans ma chambre (qui dispose d’un CLIMATISEUR HAHAhAhAhAHA) pour ranger toutes mes affaires. La chambre qui me paraissait lugubre est déjà beaucoup mieux dès lors qu’on y ajoute une touche personnelle. Dans mon cas, une centaine de photos accrochées au mur.



Mon petit studio, pour ceux que ça intéressent (au pif, ma mère).

Je reçois alors la visite d’un voisin chinois, Feng Zu Shou –mais il veut que je l’appelle Hyou, son « nom japonais ». Le mien, c’est Kuroe, ça ne change pas trop de Chloé, et il arrive mieux à prononcer. Il ne parle que japonais, plus deux ou trois mots d’anglais, et je fais de gros efforts pour me faire comprendre. Au moins, je m’habituerai vite. Il se révèle très gentil et serviable, m’explique comment faire fonctionner l’eau chaude, le climatiseur et mes divers étranges boutons électriques, me fait visiter sa propre chambre (tellement remplie de trucs divers et variés qu’on jurerait que ce n’est pas la même pièce au départ) et révèle même son côté McGyver (un point en commun !) : il m’accroche le plafonnier en hauteur : à la base, il était tellement bas que je passais mon temps à me cogner la tête dedans. On papote pas mal, puis il s’en va, remarquant que je suis fatiguée, précisant que je peux venir taper à sa porte quand je veux. Je me sens déjà mieux, moins isolée dans la grande ville kyôtoïte. Enfin, après m’être débattue avec les draps de lit, je tombe de sommeil.

En somme, une première journée très longue mais bien remplie. Mes aventures nippones peuvent commencer !

3 commentaires:

  1. Eh bah t'es bien installé ! Un point pour le mur à photos... à condition que j'y figure XD Meuh non je rigole...

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  2. Bonjour à vous les kyotoites (pas facile à prononcer ce mot) ! J'ai bien aimé ce premier récit, j'espère qu'il y en aura d'autres ^^ Quand est-ce que vous commencez les cours ? Bisous,
    Estelle (de Sciences Po)

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